December 1, 2025

Reality check : ce que l’IA peut imiter et ce qu’elle ne pourra jamais faire

By
Nad Ben
Le « crochet bleu » est mort. Pas littéralement, bien sûr. Tu peux encore l’acheter, le vendre ou le voir partout sur les grandes plateformes sociales. Mais en tant que véritable gage de crédibilité ou de qualité de contenu? C’est devenu une relique d’une ère numérique révolue.

Dans un monde saturé de deepfakes générés par l’IA, de contenu produit en masse et de performances dictées par le statut, un badge de vérification remis par une entreprise n’a plus la valeur qu’il avait.
La réalité, c’est que n’importe qui, ou n’importe quoi, peut être vérifié aujourd’hui. Le symbole confirme l’identité du profil, mais il ne dit rien sur la véracité du contenu, la valeur du créateur ou son droit à capter notre attention.

L’avenir de l’économie des créateurs ne sera pas dicté par un badge algorithmique; il se gagnera, personnellement. La seule vérification qui comptera en 2026, c’est celle que tu construis avec ton audience : l’authenticité.

Et pour comprendre où on s’en va, il faut regarder en arrière, vers le chaos brut et assumé de ce qu’on a laissé derrière : le monde de Tumblr. Le contraste est frappant entre les plateformes hyper soignées et centrées sur le statut, comme Instagram, et l’esprit communautaire, libre et désordonné de Tumblr. Ce contraste-là, c’est notre plan de match pour demain.
On revient à l’état d’esprit Tumblr, là où les connexions vraies et les passions partagées valent bien plus qu’un nombre d’abonnés ou un symbole fabriqué.

1. Dire adieu à la perfection, faire place à l’honnêteté

L’ère Instagram exigeait la perfection. Tout était poli, les échecs bien cachés, et l’algorithme favorisait l’aspiration plutôt que la réalité. Résultat : une culture du contenu faite de photos filtrées et de récits de succès fabriqués, qui a vidé les créateurs de leur énergie… et ennuyé leur audience.

Aujourd’hui, les gens en ont assez du beau montage. Ce qu’on cherche, c’est la preuve humaine. Quand l’IA peut générer une image ou un plan “parfait” en quelques secondes, la seule chose qui a une vraie valeur humaine, c’est l’imperfection du processus.

Les créateurs les plus influents aujourd’hui ne sont pas sans défauts, ils sont juste eux-mêmes. Regarde le phénomène du « photo dump » : un refus clair des standards de production léchée. Comme les anciens feeds sur Tumblr, c’est un flux sincère, chaotique et assumé.

Les créateurs montrent leurs brouillons, reconnaissent leurs erreurs, et laissent leur communauté voir l’effort brut. Cette vulnérabilité, ce n’est pas juste une tendance, c’est une stratégie brillante. En partageant la réalité derrière le contenu, ils construisent une confiance que l’IA ne pourra jamais imiter.

Leur désordre humain, c’est leur nouvelle vérification.

2. Passer aux groupes privés : la confiance, c’est la nouvelle monnaie

Les grandes plateformes publiques traversent une vraie crise de crédibilité. Trop de bruit, trop de contenu, et capter l’attention coûte de plus en plus cher. Alors les créateurs quittent la place publique surchargée pour des salons privés, choisis et intentionnels.

Ils se tournent vers Patreon, Discord, les infolettres payantes et des communautés de niche. Et ici, l’échange est tout autre. Il ne s’agit plus d’attention, mais de confiance.

Quand quelqu’un paie pour une infolettre ou pour accéder à un Discord privé, ce n’est pas le contenu qu’il achète, c’est l’accès, c’est la curation. Et ça, c’est une forme de vérification bien plus puissante qu’un simple « follow » gratuit.

La taille de l’audience compte moins que la profondeur de la confiance qu’elle t’accorde. Pour celles et ceux qui rejoignent ces espaces (souvent payants et très ciblés), c’est le nouveau crochet bleu.

Ça leur garantit qu’ils entendent quelqu’un dont la valeur a déjà été validée par une vraie communauté.

Et comme l’a si bien dit Dominique Frappier : « Ces influenceurs, grâce à leur engagement authentique […] et leur capacité à cibler des niches précises, sont devenus des partenaires de choix pour de nombreuses marques. »

3. La puissance du savoir spécialisé

Le dernier coup porté à l’ancien crochet bleu? Le contenu devient générique.

L’IA peut facilement produire des listes, des conseils larges, des articles passe-partout… en boucle. L’ère du macro-influenceur, connu pour vendre un mode de vie généralisé, est en train de s’éteindre.

La nouvelle autorité, c’est la Micro Autorité : la personne qui partage une expertise bien à elle avec une audience engagée et ciblée.

Dans une mer de bruit générique, le seul contenu qui se démarque, c’est celui qui repose sur un savoir spécialisé, irremplaçable.
L’influence aujourd’hui, ce n’est plus être célèbre pour tout, c’est être irremplaçable pour une chose précise.

Pense-y : un coach généraliste en croissance Instagram peut être remplacé en deux clics par un chatbot IA qui connaît l’algorithme. Mais une experte qui maîtrise à fond les subtilités de la monétisation des Reels, qui est aussi créatrice de bijoux indépendante, qui anime un Discord privé pour ses élèves, et qui partage honnêtement ses échecs de campagne? Cette personne-là est incontournable.

Son autorité ne tient pas à un badge, mais à la valeur spécialisée, et à fort impact, qu’elle livre, encore et encore.

L’économie des créateurs ne meurt pas. Elle passe un grand test d’authenticité.

Le nouveau crochet bleu n’est plus un symbole sur un profil. C’est une voix humaine, unique, façonnée par des années d’honnêteté, de processus, et de savoir spécialisé.

Et seules les voix vraiment uniques passeront le test.